Pailles en papier : une fausse bonne idée pour la santé et l'environnement selon une étude récente
Alors que l’on cherche des solutions pour sortir du plastique, notamment pour le tout jetable, les pailles en papier, longtemps perçues comme une alternative écologique aux pailles en plastique, se retrouvent aujourd’hui au cœur d’un nouveau scandale sanitaire et environnemental. En effet, une étude approfondie menée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a récemment mis en évidence des préoccupations quant à la composition chimique des pailles d’origine végétale. Que se cache-t-il derrière ces pailles soi-disant écofriendly et quelles sont les alternatives ? C’est ce que nous vous expliquons dans cet article.
Des pailles en papier pour sortir du plastique à usage unique
Alors que plus de 20 millions de tonnes de plastique se retrouvent chaque année dans les océans, polluant massivement les fonds marins et menaçant de nombreuses espèces, l’urgence de sortir du plastique - et d’autant plus à usage unique - se fait de plus en plus pressante. Initiée par la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la politique de lutte contre les plastiques à usage unique s'est progressivement étendue en France et plus largement en Europe. Pour atteindre son objectif de sortir du plastique jetable d’ici à 2040, le gouvernement a fixé des échéances visant à interdire progressivement divers produits. C’est ainsi que depuis le 1er janvier 2021, les pailles, tout comme les couverts, assiettes, gobelets, bâtonnets et autres mélangeurs en plastique, ont disparu des commerces. Depuis, les pailles en papier, composées à partir de matériel végétal, se sont imposées comme l’alternative idéale dans les commerces de bouche, tout comme les grandes surfaces. Malheureusement, selon une étude publiée dans le journal Food Additives and Contaminants le 24 août 2023, ces dernières seraient tout autant, voire plus dangereuses pour l’environnement, ainsi que pour notre santé, que leurs équivalents en plastique.
« Ces pailles ‘’écologiques’’ à base de plantes ne constituent pas nécessairement une alternative plus durable aux pailles en plastique, car elles peuvent être considérées comme une source supplémentaire d’exposition aux PFAS pour l’homme et l’environnement » explique l’étude.
Derrière l’alternative écologique, des « produits chimiques éternels » dangereux pour la santé humaine et planétaire
Selon l’étude belge, les pailles fabriquées à partir de matériaux d’origine végétale contiennent des PFAS (prononcer «pifasse», à l’anglaise). Les PFAS, ou perfluorés, sont des polluants chimiques utilisés par l’industrie depuis les années 40 pour leur résistance à l’eau et la chaleur. On les retrouve dans de nombreux objets du quotidien qui « nécessitent » un revêtement hydrofuge (étanche), tels que les sacs en plastique, les poêles antiadhésives et les barquettes ou emballages alimentaires. On peut également en trouver dans les cosmétiques ou encore dans les textiles imperméabilisés.
Ces composants chimiques sont quasiment indestructibles et s’accumulent dans l’eau, l’air, les sols et les organismes exposés, ce qui leur confère leur surnom de « polluants éternels », un terme qui ne colle pas vraiment avec la notion de « biodégradable » ou encore d’« écofriendly ». Ils représentent également un danger certain pour la santé humaine puisqu’ils s’accumulent dans notre organisme. Si les chercheurs précisent que les concentrations de PFAS retrouvées dans les pailles en papier sont relativement faibles, et qu’il faut prendre en compte que ces objets ne sont généralement utilisés qu’occasionnellement, le risque provient du fait que ces substances s’accumulent avec le temps. Sur le long terme, leur agglomération est associée à un grand nombre de problèmes de santé : cancers, dysfonctionnement hépatique, hypothyroïdie, retard pubère, diminution de la réponse immunitaire aux vaccins, augmentation du taux de cholestérol, effets sur la fertilité ou encore sur le développement du fœtus.
Alternative durable : vers quel type de paille se tourner ?
Parmi les 39 marques différentes testées, présentes sur le marché belge, européen et international, 90 % des pailles en papier contenaient des PFAS, contre 75 % pour celles en plastique. Par ailleurs, elles comportaient trois fois plus de PFAS que ces dernières (1 ng /g de PFAS contre plus de 3 ng /g pour les pailles en papier). À titre indicatif, l’agence de protection de l’environnement américaine (USEPA) recommande de limiter à 4 ng /L la présence de PFAS dans l’eau potable. Alors que cette alternative est présentée comme « biodégradable » certains de ces composés mettraient en réalité des milliers d’années à se dégrader dans l’environnement.
L'autre élément à prendre en compte est la loi AGEC en vigueur, qui proscrit désormais toutes pailles en plastique à usage unique y compris si elles comprennent seulement un film plastique. Il n'y a pas d’exception sur les pailles compostables et/ou biosourcés.
L’alternative la plus durable semble donc être la paille en acier inoxydable, car elle peut être réutilisée, ne contient pas de PFAS et peut être entièrement recyclée. Par ailleurs, outre son faible impact environnemental, ce concept réduit considérablement la dépendance aux produits à usage unique.
La meilleure solution reste encore de tout simplement d'éviter l'utilisation de paille dans ses boissons. Tout est une question d’habitude et de sensibilisation !
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Concentration en PFAS (produits chimiques éternels) en fonction des matériaux de fabrication des pailles. // Source : Food Additives & Contaminants, Pauline Boisacq & Al.
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