PFAS : un scandale sanitaire majeur qui contamine (notamment) l'eau en France

C’est officiel : l'eau du robinet en France est massivement contaminée par les PFAS, ces "polluants éternels" connus pour leur extrême persistance dans l'environnement et les organismes. C’est ce que révèle une étude réalisée par l'UFC-Que choisir et Générations futures, publiée le 22 janvier 2025. Alors que leur présence avait déjà été révélée dans de nombreux objets du quotidien, les résultats montrent que 96 % des échantillons prélevés dans 30 communes françaises contiennent également des traces de ces substances perfluorées. Focus sur ce scandale sanitaire.

Les conséquences sanitaires des PFAS

Les PFAS sont des substances chimiques utilisées dans les pesticides, mais aussi dans de nombreux produits du quotidien (ustensiles de cuisine, textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, etc.) pour leurs capacités antiadhésives, imperméabilisantes, isolantes, anti tache ou encore de résistance à la chaleur… Une extrême résistance qui les rend incapables de se dégrader dans l'environnement, ou dans notre organisme, ce qui leur vaut le surnom de "polluants éternels". 

Ces substances sont associées à de graves problèmes de santé :

  • Perturbations endocriniennes ;
  • Augmentation du risque de cancers ;
  • Troubles du système immunitaire ;
  • Effets néfastes sur le développement des fœtus et des enfants ;
  • Dommages au foie.

Une présence quasi-généralisée des PFAS dans l'eau potable

Parmi les 33 PFAS recherchés dans cette enquête, le TFA (acide trifluoroacétique), issu de la dégradation de pesticides fluorés et d'autres composés industriels, a été détecté dans 24 des 30 échantillons analysés. Les concentrations relevées sont alarmantes, notamment à Moussac, où un taux record de 13 000 nanogrammes par litre a été relevé, ainsi qu'à Paris (6 200 ng/l), Lille (290 ng/l) et Lyon (120 ng/l). Certaines zones, comme Tours et Rouen, affichent jusqu'à 11 PFAS différents dans un seul prélèvement.

Le TFA est une substance particulièrement préoccupante, car elle est un produit de dégradation "final" de nombreuses substances PFAS, extrêmement persistante et quasiment indestructible dans l'environnement. Sa petite taille moléculaire lui permet de passer à travers la plupart des filtres traditionnels, rendant son élimination très difficile. Les coûts de décontamination sont estimés à plus de 95 milliards d’euros, sans compter les frais de santé générés par la présence de ces polluants dans l’organisme des français.

Une réglementation française en retard

Malgré cette contamination généralisée, la législation française reste bien moins stricte que celles d'autres pays. En France, le seuil maximal est de 100 ng/l pour un ensemble de 20 PFAS, tandis qu'au Danemark, il est fixé à 2 ng/l pour 4 PFAS et aux États-Unis à 4 ng/l pour 2 PFAS. En d’autres termes, si la norme danoise était appliquée en France, 15 des 30 échantillons analysés seraient jugés non conformes.

L'UFC-Que choisir et Générations futures plaident pour une réforme profonde des normes en vigueur. Elles demandent :

  • Un abaissement des seuils autorisés ;
  • Une évaluation toxicologique du TFA et son intégration dans les contrôles de l'eau potable ;
  • Un renforcement des restrictions sur les PFAS, notamment ceux issus de pesticides.

Les associations alertent également sur les pressions des lobbys industriels dans les discussions européennes visant à restreindre l'usage de ces substances. 

"Sans volonté politique forte, la contamination de l'eau aux polluants éternels se poursuivra pendant des décennies" 

François Veillerette, porte-parole de Générations futures.

Quelles solutions pour les citoyens ?

Alors que la bouteille d’eau était de plus en plus pointée du doigt, entre les tromperies des industriels comme Nestlé, les microplastiques qu’elle contient qui sont également néfastes pour la santé, et la pollution qu’elle génère pour l’environnement, les citoyens sont en droit de se questionner sur les alternatives qu’il leur reste ! En attendant des actions concrètes de la part des pouvoirs publics, plusieurs initiatives peuvent être mises en place :

  • Privilégier l'eau filtrée via des dispositifs supprimant la présence des PFAS comme l’osmose inversée, ou qui les limitent, comme le charbon actif ;
  • Faire pression sur les décideurs politiques en interpellant son député, signant des pétitions et en sensibilisant l'opinion publique ;
  • S'informer et suivre les recommandations d'organismes indépendants.

Ce scandale des polluants éternels nous rappelle l'urgence d'un changement de paradigme dans nos modes de production et de consommation. Pour plus d’informations sur le sujet, découvrez nos épisodes de podcast :