Rencontre avec Pierrick De Ronne, Président du groupe Biocoop
Pierrick De Ronne, Président de Biocoop, est l'invité de l'épisode #29 des militants de l'assiette du podcast Sur le Grill d'Ecotable. D'abord responsable de magasin en 2009 puis Président du groupe en 2019, Pierrick De Ronne revient sur les enjeux que soulèvent le bio dans la restauration.
• Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je suis Pierrick De Ronne, Président de Biocoop. Père de 4 filles, je suis gérant d’une SCOP de magasins Biocoop depuis 2009 après quelques années dans la coopération en Afrique. Je suis un défenseur acharné de la coopération comme réponse aux défis qui s’annoncent.
• Pouvez-vous expliquer la différence entre le bio et la bio ?
Le Bio, c’est un cahier des charges technique qui a le mérite très succinctement de refuser les pesticides chimiques et les OGM pour protéger la biodiversité et la santé humaine. Le postulat de base est que l’alimentation est directement liée aux modes de culture.
La Bio est un projet de société au-delà de ce cahier des charges. Les acteurs de la bio défendent l’idée que la répartition équitable de la valeur. La justice sociale, l'alimentation peu industrialisée, la provenance des produits, les modalités d’action font aussi partie du projet.
• Comment expliquez-vous qu'il y ait si peu de bio en restauration commerciale ?
Les produits Bio sont peu présents d’abord parce qu’ils sont moins valorisables auprès des clients. Etonnamment, la déconnexion avec notre alimentation est plus forte quand nous sommes au restaurant. La demande de bio n’est pas aussi présente que pour ce que nous cuisinons chez nous.
Ensuite, il y a certainement la question du prix. La construction du prix est différente en restauration et doit potentiellement être repensée (comme pour un consommateur qui fait évoluer son alimentation vers plus de vrac, de produits bruts et de végétal).
En 2022, les services de restauration collective (hormis la restauration au travail du secteur privé) devront introduire au moins 20 % de produits bio ou en conversion. Cette loi verra donc les produits Bio plus à l’honneur qu’actuellement. Une vraie carte à jouer pour les restaurateurs et une découverte pour les clients.
• Quel conseil donneriez-vous à un restaurateur qui souhaite servir plus de produits bio ?
De se lancer, de croire en son savoir-faire!
Pour moi, un restaurateur, c’est quelqu’un qui valorise (voire sublime) des produits. Je crois sincèrement qu’il faut rester dans ce savoir-faire. Je suis convaincu qu’en restant dans cette logique, les produits bios auront une place grandissante sur les cartes. Par le goût ou la diversité des produits par exemple.
On peut le voir depuis plusieurs années pour les vins bio qui sont de plus en plus présents sur les cartes des restaurateurs.
• Quel mesure politique pourrait permettre de favoriser le bio dans la restauration ?
Je vois 2 leviers importants :
- Stimuler la pédagogie auprès des consommateurs par de la communication autour du bio en restauration.
- Travailler la fiscalité pour rendre plus accessible les produits bios aux restaurateurs. Et c’est possible ! L’Europe autorise maintenant une variabilité de la TVA pour les produits qui participent à la transition écologique.