Impact environnemental du vin : conventionnel, bio, biodynamie, nature, quelles différences ?

Viniculture

Le vin, un symbole de tradition et de partage à la française ? C’est incontestable, puisque selon le baromètre 2019 IFOP Vin et société,- près de 9 personnes sur 10 considèrent que le vin est une composante de l’art de vivre à la française auquel ils sont très attachés. Pourtant seulement 1 Français sur 2 estime « bien s’y connaître en vin », et face à la multitude d'étiquettes et de labels qui inondent le marché, choisir une bouteille peut rapidement se transformer en un véritable casse-tête. Si le goût demeure évidemment un critère essentiel, de plus en plus de consommateurs se préoccupent désormais de l'impact environnemental du vin qu'ils choisissent. Alors, entre le vin conventionnel, le vin bio, le vin nature et le vin biodynamique, quelles sont les différences ? Il est temps de faire le point.

Un groupe qui déguste du vin

La France et le vin une histoire d’amour qui perdure

  • La France est le 2ème pays consommateur de vin au monde derrière les États-Unis et devant l’Italie
  •  Les Français ont consommé plus de 3,5 milliards de bouteilles de vin en 2019.
  • Un Français boit aujourd’hui en moyenne 40 litres de vin par an, soit environ 54 bouteilles de 75 cl.
    (Source : CNIV 2019)

Quel est l'impact environnemental du vin ?

L'impact environnemental du vin en chiffres

Selon l'ADEME, la production et la distribution d’une bouteille de vin, incluant l'irrigation des vignes, la production de raisins, la vinification et l'embouteillage c'est en moyenne : 

  • 1,2 kg eq. CO2 générés
  • 400 et 800 litres d'eau consommés

    La consommation annuelle de vin par un Français (54 bouteilles) c'est donc environ : 
  • 64,8 kg eq. CO2 générés
  • 32 400 litres d'eau consommés
  • À titre de référence, la consommation annuelle moyenne de vin entraîne des émissions de CO2 comparables à celles générées par un trajet de d'environ 270 km en voiture, et cela équivaut à remplir environ 324 baignoires.

L’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse

Tracteur qui répand des pesticides sur la vigne

La viticulture conventionnelle est une grande consommatrice de produits phytosanitaires de synthèse tels que les fongicides et les pesticides.

Utilisées pour protéger les vignes des maladies, des insectes et des champignons, ces produits ont un impact écologique important en raison de leur empreinte carbone, de leur contribution à la pollution des sols et des eaux, ainsi qu'à la perte de biodiversité.

Selon l’ADEME, les exploitations viticoles représentent 14 % des dépenses en intrants chimiques, engrais et produits phytosanitaires Français, alors qu'elles ne couvrent que 4 % de la surface agricole française.  

La consommation d’eau

La production de vin nécessite une quantité importante d'eau, notamment pour l'irrigation des vignes, le nettoyage des équipements, le refroidissement pendant la fermentation, ainsi que d'autres besoins en eau dans la cave. Cette consommation exerce une pression sur les ressources en eau locales.

Pour produire un verre de vin, 120 litres d’eau en moyenne sont nécessaires selon l’ONG Water Footprint Network.

Arrosage automatique des vignes

Les gaz à effet de serre

Machines utilisées lors de la vinification

La viticulture est responsable de l'émission de gaz à effet de serre (GES) résultant de la consommation d'énergie pour les processus de production tels que le transport, la vinification et l'embouteillage.

Ces émissions sont principalement dues à l'utilisation de fioul dans les tracteurs viticoles, à la fabrication des bouteilles en verre, à la production de cartons imprimés, au fret routier et à la consommation d'électricité.

La bouteille : du verre pas si vert

Une étude réalisée par l'ADEME révèle que près de la moitié (46 %) des émissions de CO2 d’une entreprise viticole sont liées à la fabrication et au transport de la bouteille en verre. Mais ce n'est pas tout, car une fois la bouteille bue, un autre défi se pose : le recyclage. Toutes les bouteilles ne sont pas correctement recyclées. Face à cette réalité, de nombreux vignerons explorent des alternatives qui suscitent des débats animés. La brique en carton, la poche à vin, le retour aux flacons consignés, la bouteille en plastique, ainsi que les canettes en aluminium, émergent comme de nouvelles formes d'emballage aux côtés des cubitainers, qui proposent de nouvelles solutions de conditionnement.

Vins conventionnels, vins bio, vins biodynamiques, vin conventionnels  : qu'est-ce qui les différencient ?

Ce n’est ni une histoire de cépage ou de couleur, ce qui fait vraiment la différence entre ces types de vin, ce sont les produits chimiques de synthèse et les intrants œnologiques utilisés tout au long du processus, de la culture des raisins à la vinification, ainsi que la quantité de sulfites. On décrypte ces distinctions :

Pour commencer
Définition de chaque type de vin
Pour aller plus loin

1) Le vin conventionnel 

C’est la méthode « classique », largement répandue dans le vignoble français. Elle autorise l'utilisation de tous les produits chimiques de synthèse et intrants œnologiques lors de la culture et de la vinification. Cela englobe notamment les insecticides, herbicides, régulateurs de croissance des plantes.

2) Le vin bio

En bref : le vin bio est cultivé sans l'utilisation d'engrais ou de produit chimique de synthèse, et seuls les intrants œnologiques naturels sont autorisés lors de la vinification.

Selon le ministère de l’agriculture, 14 % des vignes en France sont cultivées en agriculture biologique. Le vin bio est produit à partir d'une agriculture et d'une vinification qui excluent l'utilisation de produits chimiques de synthèse. Les viticulteurs peuvent utiliser à la place des produits chimiques d'origine naturelle, mais de manière limitée. En revanche, plus de 40 intrants œnologiques (des engrais  et des  produits phytosanitaires spécifiques, tels que des composés de cuivre, l'hydroxyde de calcium, la bouillie bordelaise …) restent autorisés, afin de corriger ou guider le vin. L'ajout de sulfites est également permis, mais les niveaux sont réduits par rapport aux vins conventionnels.

Depuis 2012, le label «Vin Biologique » est réglementé par des normes strictes au niveau européen, et les labels AB et Bio Europe sont des garanties de cette démarche.

Verre de vin rouge
Vigne et verre de vin rouge

3) Le vin biodynamique

En bref : le vin biodynamique est cultivé sans produit chimique de synthèse, en utilisant des préparations à base de plantes et en suivant le calendrier lunaire.

Le vin biodynamique est généralement un vin bio, mais la démarche va plus loin en reposant sur des pratiques ésotériques qui considèrent le sol comme une entité vivante. Les viticulteurs suivent le calendrier lunaire et travaillent en harmonie avec les cycles naturels en utilisant des préparations à base de plantes spécifiques pour nourrir le sol et renforcer la santé des plantes. La vinification est réalisée de manière plus naturelle, bien qu'elle permette l'utilisation limitée de certains produits chimiques, tels que les levures exogènes, et l’ajout de sulfites mais en quantités réduites par rapport aux vins conventionnels et bio.

Les deux principaux labels garantissant une pratique biodynamique sont Biodyvin et Demeter.

4) Le vin nature 

En bref : la vigne est cultivée sans produit chimique de synthèse ni intrant œnologique et la vinification se déroule avec une intervention minimale.

Le vin nature est avant tout une philosophie inspirée par le célèbre vigneron Jules Chauvet : « moins on touche à la vigne, mieux elle se porte ». Il repose donc sur un principe simple : aucune utilisation de produit phytosanitaire de synthèse et d’intrant dans les vignes. Concrètement, le processus de vinification naturel vise à préserver la pureté du jus de raisin initial avec une intervention minimale de l'homme. Mais contrairement aux vins biologiques ou biodynamiques, les vins naturels n'ont pas d'existence légale.

Cependant depuis mars 2020, un label appelé « vin méthode nature » a été créé pour garantir certains critères aux consommateurs. Ce label, validé par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) et reconnu par la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes), assure des vendanges manuelles, l'utilisation de raisins 100 % biologiques certifiés, l'utilisation de levures indigènes, l'absence totale d'intrants œnologiques et l'absence de sulfites ajoutés avant et après les fermentations. Un logo noir et blanc « Vin méthode nature » peut permettre d’identifier ce type de vins. Ce logo existe en deux versions : l'une indiquant « sans sulfites ajoutés » et l'autre précisant « < 30 mg/l de sulfites ajoutés ». La déclinaison en 2 versions du label illustre bien la controverse qui persiste, autour de l’ajout de sulfites, qui reste un débat crucial. 

En résumé
Résumé des caractéristiques de chaque type de vin
Plus proche du vigneron ou de votre caviste

Pour l’heure, la majorité des vignobles français reste conduit de manière conventionnelle ou non labellisée et souvent, l’étiquette ne fait alors mention d’aucun label. Seul un échange avec le vigneron ou votre caviste vous permettra alors de faire un choix éclairé et informé.

Conclusion

Le marché du vin est donc en constante évolution avec l'émergence de vins biodynamiques, biologiques et naturels, qui se distinguent par leur engagement à limiter ou éliminer l'utilisation de produits chimiques de synthèse, ayant un impact significatif sur l'environnement. Mais il reste un incontournable de la table française. Et qui dit vin, dit souvent fromage ! Cependant, saviez-vous que le fromage peut avoir un impact environnemental plus important que la viande ? Pour vous aider à bien le choisir, n’hésitez pas à consulter notre article Manger du fromage : un impact plus important sur le climat que de consommer de la viande ?

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